À Lille, ce mardi, l’information a surtout profité aux justiciables, convoqués pour une audience ou un rendez-vous judiciaire. Les autres, pris de court par la soudaineté de cette « journée justice portes ouvertes », ont été rares à franchir spontanément les portiques de sécurité du palais de justice.

Outre l’animation de la salle des pas perdus, les avocats, notamment ceux de l’UJA (Union des jeunes Avocats) et du SAF ont distribué des tracts expliquant qu’une justice dégradée nuit aux droits de la défense.

L’après-midi, le président de la 6e chambre correctionnelle se référera à la journée d’action, avant de renvoyer deux dossiers lors d’une audience qui en comptait neuf. Le juge regrette : « Une obligation de faire des choix pour traiter chaque dossier avec le soin qu’il mérite, dans de bonnes conditions de jugement.  » Autrement dit, ce soir exceptionnellement, l’audience ne durera pas jusqu’au milieu de la nuit. Et de préciser : « On pourrait être deux fois plus de magistrats que ça ne serait pas trop. »

Postes vacants, manque de matériel

La justice en France manque de juges, de procureurs, mais aussi de greffiers, de personnels administratifs et techniques pour lesquels, à Lille, 25 postes sont vacants. Mardi dans la salle des pas perdus, une greffière déplore : « Le ministre a annoncé des moyens supplémentaires mais ce sont des contractuels, qu’on doit former sur le tas alors qu’on est déjà débordés. Ce sont des contrats courts, pas des fonctionnaires, ce qui ne pérennise pas les postes. » Une autre souligne de son côté : « On attend l’arrivée de 26 personnes mais on ne sait pas où on va les mettre. On a des bureaux et du matériel informatique pour seulement 18 personnes. »

Une autre encore : « Depuis le début du Covid, à Lille, on a été dotés de 110 ordinateurs portables alors qu’il y a 313 fonctionnaires… »

Magistrats, greffiers, avocats, personnels administratifs et techniques sont épuisés. Pour expliquer la journée d’action, une magistrate lilloise avait observé : « Si demain rien n’est fait pour donner à la justice des moyens dignes d’une démocratie, chaque citoyen licencié, en conflit avec un voisin ou en instance de divorce continuera d’attendre des mois voire des années qu’une décision soit rendue, trop tard bien souvent pour être utile. »