Illectronisme, seniors et retraités, maitrisons le !

Au siècle dernier notre société rencontra bien des difficultés à vaincre l’illettrisme, qui au demeurant ces dernières années, semble ressurgir chez les juniors du fait de leur usage ni maitrisé ni contrôlé des écrans. Aujourd’hui, un nouveau mal se développe au quotidien : l’ILLECTRONISME !

Ce vocable, au combien barbare, trouve désormais sa définition dans les dernières éditions de nos dictionnaires, et l’Insee en donne cette définition : «situation d’une personne ne possédant pas les compétences numériques de base (rechercher des informations en ligne, communiquer en ligne, utiliser des logiciels, protéger sa vie privée, résoudre des problèmes en ligne) ou ne se servant pas d’Internet (incapacité ou impossibilité matérielle de l’utiliser dans les trois derniers mois)».

L’illectronisme, contraction des notions d’illettrisme et d’électronique, touche une personne sur deux chez les plus de 75 ans. Cette incapacité totale ou partielle à utiliser les appareils et applications numériques accentue l’isolement social des personnes concernées La crise sanitaire de la Covid-19 aurait largement accentué cette fracture numérique au sein de la population des seniors, touchant aujourd’hui environ 13 millions de personnes en France.

Si, autrefois, l’illettrisme pouvait être rapprocher des classes sociales défavorisées, aujourd’hui l’illectronisme, plus universel, touche à parité les classes d’âge, indépendamment du niveau social. Ainsi les adolescents en 2024 pourraient batailler fort sur les applications de leurs smartphones sans pour autant savoir souscrire une déclaration de service sur internet. Paradoxalement les seniors en 2024 pourraient effectuer leurs déclarations de revenus en ligne sans pour autant être capable d’appréhender un programme informatique et à fortiori faire face à un virus du même nom.

En revanche, le retraité demeure seul pour faire face aux méandres de l’informatique. L’utilisation du matériel, sa maintenance et les paramétrages des périphériques nécessitent de sa part l’appréhension d’un vocabulaire pour le moins ésotérique. De surcroit, la dématérialisation de plus en plus imposée des actes de la vie courante impose une capacité d’adaptation qui créé l’inégalité entre les citoyens. C’est à ce niveau que l’illectronisme fait ses ravages parmi les retraités et que pouvoirs publics, collectivités et associations doivent intervenir.

Selon l’Unsa retraités : « dans notre monde où la dématérialisation des documents devient la règle, où la numérisation des démarches s’impose de plus en plus, ces huit millions de victimes de l’illectronisme se trouvent privés de fait de l’accès à un certain nombre de droits ou de la nécessité de recourir à la médiation d’un tiers pour mener des démarches pourtant essentielles au quotidien. » Incontestablement le taux d’illectronisme peut être appelé à se réduire avec l’évolution des générations et une meilleure formation à l’outil numérique chez les futures personnes âgées. Mais comme le souligne Claire Hédon, Défenseure des droits, « les services publics se sont éloignés des usagers du fait d’une dématérialisation excessive, de fermetures de guichets et font peser sur les usagers la charge administrative ». Et si la création des espaces France services permet de « combler cette distance dans le lien population/services publics », la réponse apportée à toutes les difficultés rencontrées par les usagers est jugée imparfaite. »

Plus que jamais, nous devons militer pour un maintien des services publics sur l’ensemble du territoire, que ce soit en milieu urbain ou rural et que le développement de la communication numérique ne soit pas un obstacle pour les personnes âgées. Des moyens humains, de proximité, doivent être maintenus afin que toutes et tous puissent avoir accès à l’information et que personne ne soit isolé. Le support papier doit toujours pouvoir être proposé.

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