Monsieur le Premier Président, Monsieur le Procureur Général,
La maltraitance s’installe à tous les niveaux, ce n’est pas acceptable !
Nous savons déjà tous que c’est sur la conscience professionnelle des fonctionnaires, contractuels et magistrats, et sur leur investissement personnel que repose le bon fonctionnement du service public de la Justice. Le manque de moyens de notre Ministère est unanimement reconnu et l’indigence de l’Etat est une donnée structurelle avérée. Notre quotidien, c’est d’en faire toujours plus ! Mais pour quelle reconnaissance ? Pour quelle considération ?
De plus en plus d’agents nous font ainsi part de leur lassitude face aux arbitrages qui leur parviennent et qu’ils prennent comme une défiance :
– comment expliquer l’absence de mémoire de proposition établi pour l’avancement à l’égard d’agents dont le parcours, la valeur professionnelle et les capacités à exercer les fonctions d’un grade supérieur sont pourtant soulignés dans l’évaluation professionnelle ?
– comment accepter des notifications de CIA qui ne reflètent pas ni le travail accompli ni l’investissement fourni ?
Nous savons, et nous expliquons, aux agents, en tant que syndicat responsable, que les directeurs sont souvent en grande difficulté pour valoriser leurs équipes avec des enveloppes budgétaires qui fondent d’années en années et qui ne leur permet pas d’apporter toute la reconnaissance qu’ils souhaiteraient témoigner. Mais les collègues sont tellement désabusés, à juste titre, qu’ils ont pour la plupart abandonné toute idée de recours cette année alors qu’ils sont pleinement méritants et qu’ils préfèrent s’interroger sur leur avenir au sein des Services Judiciaires !
Mais lorsque à ce manque de reconnaissance, s’ajoute la maltraitance volontaire et impunie, la coupe est pleine. L’injustice, et l’abandon sont intolérables !
Ce que certains agents subissent ou ont subi au sein de notre ressort, tels brimades, autoritarisme, injonctions contradictoires, climat anxiogène quotidien savamment entretenu … au vu et au su de tous, depuis des années, malgré des alertes officielles tant internes que syndicales, constitue des agressions psychologiques dont les symptômes sont plus ou moins graves : pleurs à répétitions, suivi psychologique, traitement médicamenteux, nécessité de fuir pour aller mieux (avec des résidus de fragilité parfois)….
L’UNSa SJ réclame un signal fort et juste pour que les victimes de management dysfonctionnel, voire toxique, soient enfin défendues et traitées avec la considération qu’elles méritent. Il est indispensable aussi que tous les agents placés en situation de responsabilité mesurent les conséquences auxquelles ils s’exposent lorsqu’ils font le choix de maltraiter leurs collaborateurs ou leurs subordonnés !
Or, une décision de notre administration se limitant à affecter un auteur de violences sur un autre site du même ressort, sans poursuite disciplinaire, voire même auprès de ses anciennes victimes…, ne constitue ni plus ni moins un nouvel abandon institutionnel et un désaveu de ce que ces agents ont dû endurer dans le cadre de leurs fonctions professionnelles. Et nous ne parlons même pas du risque que l’on fait encourir aux autres, ni de l’image négative que cela donne de notre institution.
En tant qu’organisation syndicale responsable, et parce que l’inertie et les choix de notre administration nous paraissent dangereux pour les agents qu’ils ont pourtant le devoir de protéger, l’UNSa SJ a saisi tant les chefs de juridiction que la Direction des Services Judicaires pour tenter d’obtenir Justice pour ces collègues !
Les responsables locaux maltraitants ne doivent plus être couverts, ni traités plus favorablement qu’un agent investi et consciencieux. Il est douloureux pour tout le monde, mais d’abord pour le bon fonctionnement de nos juridictions, que des agents aient le sentiment que le SAR soit en train de devenir « la poubelle du ressort ».
Monsieur le Premier Président, Monsieur le Procureur Général, nous n’inventions rien : un rapport de visite du CSA suffisamment explicite, des remontées internes régulières, la disparition des registres relatifs aux conditions de travail après des mentions relatives aux RPS et des témoignages récurrents auprès des chefs de juridiction sont des éléments suffisamment probants pour que l’administration puisse prendre ses responsabilités, à condition qu’elle le souhaite … L’UNSa SJ, elle, saura les prendre.
La colère est réelle, nous ne l’inventions pas, nous la relayons, comme nous l’avons toujours fait. Elle doit maintenant être entendue.
Vous en avez le pouvoir, montrez aux agents de votre ressort que vous en avez la volonté.
Les élus du CSA de Dijon